Fondation Rennes 1 "Progresser, Innover, Entreprendre"
Kévin Tougeron est lauréat du 2e Prix de la Fondation Rennes 1 du secteur de recherche Sciences du Vivant. Les prix de thèse Fondation Rennes 1 "Progresser, Innover, Entreprendre" récompensent les thèses pour leur caractère innovant.
Kévin s'intéresse à l'écologie évolutive des insectes dans le contexte des perturbations d’origine anthropiques, incluant les changements globaux. Les modèles qu’il utilise, principalement les parasitoïdes et de leurs hôtes, permettent de considérer l’effet de différentes pressions environnementales sur le service écosystémique de lutte biologique. En particulier, ses travaux concernent l'écophysiologie de ces insectes et les stimuli, biotiques (vivants) et abiotiques (non-vivants), qui gouvernent leurs rythmes biologiques comme le phénomène de diapause, autrement dit qui conditionnent l’alternance des phases d’activité et d’inactivité des insectes au cours des saisons.
Il a soutenu sa thèse intitulée "Diapause variability in aphid parasitoids in the context of climate changes; implications for biological control" le 10 novembre 2017 (encadrée par Joan van Baaren, Jacques Brodeur et Cécile Le Lann), Celle-ci a été financée pour moitié par la Région Bretagne (bourse ARED), l'autre moitié par l'université de Montréal (Québec).
Les effets des changements climatiques sont de plus en plus marqués sur les organismes. Ils affectent leur distribution géographique, leur abondance et leur écologie. En particulier, le réchauffement des températures mène à des hivers plus courts et plus tardifs ce qui perturbe la phénologie des organismes. En tant qu’ectothermes (i.e. ne produisant pas de chaleur interne, et donc dépendant des sources extérieures de chaleur), les insectes sont un groupe particulièrement sensible à la modification de leur environnement thermique et en particulier des cycles saisonniers de températures. En effet, les insectes résistent habituellement aux conditions hivernales en passant l’hiver en état d’hibernation, sous forme de diapause. Or, de plus en plus d’études suggèrent que les stratégies d’hivernation, comme la diapause, sont fortement influencées par les changements climatiques. La stratégie de « perte de diapause » semble se répandre chez de nombreuses populations d’insectes.
Depuis 2010 en Bretagne, un changement majeur est observé dans les abondances relatives des espèces d’insectes parasitoïdes de pucerons présentes en hiver dans le milieu agricole. Certaines espèces de parasitoïdes qui n’étaient jamais observées en hiver auparavant (suggérant qu’elles étaient en diapause), sont maintenant actives et exploitent les pucerons qui leurs servent d’hôtes. Ces modifications dans la composition des communautés semblent être liées à l’adoucissement des températures hivernales et suggère que la stratégie de diapause a été abandonnée chez ces populations de parasitoïdes. Cela pourrait avec des conséquences imprévisibles sur les populations de parasitoïdes et le contrôle naturel des pucerons.
En quelques points les objectifs de la thèse :
Cette étude se focalise sur les parasitoïdes des pucerons des céréales (principalement le puceron Sitobion avenae qui existe en Bretagne et au Québec), et en particulier les parasitoïdes appartenant au genre Aphidius présents dans les deux pays.
Les expériences et les méthodes d’approche comportent
Au final, les résultats de ces trois grands axes de recherche ont permis
Les résultats de ces recherches visent ultimement à estimer les conséquences de ces changements sur le contrôle biologique des ravageurs de cultures, en mettant en avant les implications économiques et sociétales à la fois en France et au Canada.
La communication et la vulgarisation scientifique en toile de fond
Outre son travail de thèse, il faut souligner l'intérêt de Kévin pour la communication scientifique et la vulgarisation. Il a ainsi obtenu le Premier Prix 2015 du concours de vulgarisation scientifique organisé par l'université de Montréal au Québec. Kévin et 4 autres doctorants rennais, tous éco-biologistes, ont été récompensés un sujet faisant le lien entre biologie/biodiversité et santé humaine. Leur article s'intitule "La biodiversité sur ordonnance ?" et s'intéresse aux effets de la perte de biodiversité sur la santé, avec l’exemple de la maladie de Lyme au Québec
Dans sa liste de publications, on trouve également un article relativement iconoclaste intitulé "An ecological perspective on sleep disruption" (Kévin Tougeron et Paul K. Abram, The American Naturalist, 2017) dans lequel il s'intéresse au sommeil chez les insectes et tente de répondre à cette question : le sommeil chez les insectes, un facteur fondamental mais négligé de leur écologie ?
Contact OSUR
Kévin Tougeron (ECOBIO) / @
Alain-Hervé Le Gall (multiCOM OSUR)/ @
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